img Les Femmes de proie. Mademoiselle Cachemire  /  Chapter 4 No.4 | 33.33%
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Chapter 4 No.4

Word Count: 6968    |    Released on: 06/12/2017

e se décompose davantage, un déclassé, un inutile, un bohème. Il avait fait de tout, hormis peut-être une malhonnêteté. Avec mille cordes à son arc, il n'était jamais parv

plus. Célestin s'en consola, entra à l'école Normale, travailla modérément et devint professe

egardant les anciennes maisons aux murs couverts d'ardoises, déchiffrant sur l'église les inscriptions du temps des baillis ou de Robespierre, passait, baillant sa vie du matin au soir. Quand il avait quelques heures devant lui, il allait s'asseoir sous les pommiers, fumait

taire son besoin de repos, son humeur rêveuse, tenta ?à et là plus d'une voie, fut repoussé, prit en dégo?

les signer, des dictionnaires, des manuels technologiques, des encyclopédies, des prospectus; il avait été commis dans un magasin de nouveautés, tenant des livres, inspecteur de l'affichage, prote dans une imprimerie, voyageur de commerce, rédacteur en chef d'un journal philosophique, La vraie Morale, écrivain public, et que de choses encore, lorsque, les posi

it Platon, ?le penseur autoritaire, le Bossuet des Grecs,?-un peu swedenborgiste, babouviste, connaissait par c?ur le Moniteur de la Révolution, taillait et rognait dans les héros de 1793, les jugeait curieusement, en politique qu'il était et aussi en moraliste, pouvait à la moi

s, tous les faits de l'histoire des trente dernières années. Mais de cette science et de cette netteté

philosophe.? Fernand Terral avait vingt-huit ans ?tout au plus.? Mais, désillusionné, sceptique, amer, l'esprit faussé, il était l'a?né de Fargeau par ses propos et ses idées. Fargeau, au milieu de toutes ses traverses, avait conservé

e ne tarda pas, vint s'asseoir en face de Fargea

ttu son adversaire; Terral, au surplus, paraissait distrait. Sa main man?uvrait l

votre jeu! disait Fa

s'accuser, et continuait à songer à tout

grand charme et en même temps une résolution énergique dans ses yeux noirs, presque en même temps doux, caressants, mena?ants, pleins d'éclairs, et pleins de promesses, Terral se campait fièrement, marchait d'ordinaire comme si le bitume ou le pavé eussent été conquis par lui, élargissant la poitrine, aspirant l'

à rire. Cette nature complexe, bruyante, audacieuse, prête à toute escalade et en même temps à toute raillerie, lui fournissait un cur

ns plus, cela est plus simple. Les é

tte partie qui me tient au c?ur, mais celle que j

ela était vrai, vo

me une appréhension de défaite. Il y

n peu

ux

a trente ans pour le moins, moi, et

reux, vous, satisfait

rquoi pas Socrat

es de savon. Je deviens haineux, j'attends, et j'attends depuis trop longtemps. Je suis de ceux à qui le succès prompt, le luxe, l

ontrer à Paris, en quittant votre province? La poule aux ?ufs d'or. Il y a longtemps qu'on l'a mise à la broche. Le plat est épuisé. On n'e

sort

ainsi par la rue Monsieur-le-Prince, jusqu'à l'escalier qui mène à la rue Saint-Hyacinthe-Saint-Michel. Ils escaladèrent les marches, et se trouvèrent presque au

n'est pas question de plaisir; c'est un devoir strict que la na

able circulait une jeune fille maigre et brune, d'une beauté douteuse, mais dont les grands yeux noirs et les lèvres d'un rouge vif paraissaient exercer une magnétique influence. Les intonations des habitués prenaient une douceur évidente quand ils adressaient à mademoiselle Julie leurs humbles suppliques. On n'entendait point d'ordres impératifs comme: Gar?on, mon veau!-Sacreb

tomie remplissait le comptoir. Son ?il d'aigle veillait à tout. Elle tenait le livre où étaient inscrits les comptes des clients. E

gré ce lien apparent, il est bien rare que les habitués se traitent entre eux comme des camarades. On remarque des groupes de cinq ou six personnes, le plus souvent amis de collége, quelquefois réunis par cette communauté de plaisirs que créent des

en, boules blanches, Colmet d'Aage, Oudot, Bugne

ité du bal Bullier; le sujet parai

brusquement Terral à Fargeau qui mangeait lent

, fit l

es grands lévriers suivant la voiture que l'on conduit soi-même,

ent. Nous en avons de plusieurs es

es systèmes, posa sur la nappe maculée

minute, une seu

éco

que les fauconniers n'employaient pas, les vautours, les milans, les orfraies, les balbazards... toute une race sanguinaire qui s'affirme à coups de becs et de griffes. Eh bien! regardez la ménagerie parisienne et dans la serre des femmes, ne trouvez-vous pas tout d'abord cette haute volerie qui porte un plumage soyeux, des ongles rosés et des mains fines? Race d'oiseaux de proie qui dissimule sa férocité sous son élégance et se promène au bois, richement parée comme le faucon couronné d'une aigrette sur le poing du fauconnier. Puis, à c?té, la famille nombreuse des éperviers, famille intermédiaire, aussi avide, moins civilisée, ne dissimulant rien de ses appétits, dévorant au grand jour la proie convoitée, le butin volé, moins dangereuse quoique plus gourmande, puisqu'elle est moins hypocrite et qu'elle garde dans ses mains liantes, les lambeaux de chair qu'elle a déchirés. Enfin, tout au bas de l'échelle, la tourbe au vol circulaire des buses et des harpies, toute fangeuse de boue, toute souillée de carnage, troupeau terrible qui rongerait encore plus que le foie de Prométhée, qui lui déchirerait le c?ur, engloutirait son cerveau et fouillerait du bec jusqu'à son ame. Notez que je ne parle que des oiseaux diurnes; les chauves-souris et les hiboux, je ne m'en inquiète guère. C'est l'affaire de la police et du garde-champêtre, homme charitable qui les tient de l'?il et du baton. Je me contente de ce qui se voit, de ce qui nous menace. Les oiseaux nocturnes ne sont pas les plus dangereux et je les plains de n'être pas faits pour la lumière. Mais ces oiseaux de proie qui dépèceraient to

ourchette, il s'agirait de savoir si c'est la

du et retenu qu'un nom de toute cette tirade..

Cach

re, du V

re, du V

sse de M.

élève, et c'est chez lui que

Terral, v

je peux dire, e

e de voluptés ignorées, de surprises et de fièvres. Il lui venait à l'esprit d'apres tentations. Dominer c

-vous? demanda-

che

O

elle revient au chev

ire He

maison et que M. de Bruand et sa ma?t

r Fargeau des yeux résolus, ne pou

fit Célestin

nc demain!

em

em

ain! fit Cél

peu partout, la regardant, la contemplant, l'enviant, ne songea qu'à celle qu'il app

il avait obtenu pour son fils une bourse au collége de Bergerac. C'est là que Fernand avait grandi, enfermé toujours, en butte aux attaques, car ce titre de boursier est comme un point de mire de railleries. De bonne heure pris entre l'humeur acariatre d'un père vieux et n'entendant rien aux premiers élans de

ssoiffé de jouissances, comprimé et aspirant à la libre satisfaction de ses besoins, se dicta dès s

c'est la règle

par le mérite, du moins par la force. La nature l'avait fait beau, hardi, entreprenant. Elle lui avait donné l'audace, la grande vertu qui devient si facilement le grand vice. Il lui était permis de beaucoup oser: il avai

tta Saint-Mesmin. Le jour même partait pour Paris, par le même train, un compatriote de Terral, un peintre, Charles Bourdenois, qui allait tenter, lui aussi, la fortune. Ils avaient été amis d'enfance, et, à Coutras, pendant la longue attente du train qui vient de Bordeaux, ils échangèrent bien des rêves. On se quitta à Paris. Bourd

re dans l'école. Il n'avait ni place, ni protecteur, ni talent, ni métier. Mais il était s?r d'avoir tout cela un jour, ou plut?t de s'en passer. Un instant, il songea à se faire homme de lettres. Il y a tant de gens qui remplacent la vocation par l'aventure! Il aura

vécu,-c'était quelque chose,-de plus, quel

s garants. Donc, Fernand Terral voulait être connu. Connu par quelque action d'éclat, par quelque excentricité, par quelque scandale, que lui importait, mais connu. Parfois, sa pensée se fixait sur quelqu'un des privilégiés de Paris, des illustres du boulevard, et il se disait: ?Si je me mê

out entier est dans le secret de la vie de ses héros. La Chronique, cette Renommée aux cent plumes, s'était emparée de Cachemire, de ses vêtements, de ses appartements, de sa fa?on d'être. On la pourctraiturait à l'envi, on retrouvait sa photographie dans les Courriers de Paris aussi fréquemment qu'aux vitrines de la rue Vivienne. Sa jolie tête brune était célèbre, son sourire,-elle souriait de ses lèvres rouges et de toutes ses dents blanches-était banal. On retrouvait partout ses beaux cheveux, légèrement ébouriffés sur son front mat, son

alon, tendu de blanc, avec un plafond peint par Voillemot-par Voillemot ou par Chaplin-des jardinières garnies de bruyères rosées, de cathaléas et de fusains du Japon teintés de pourpre. Dans le boudoir, des meubles roses, un portrait de Cachemire avec une dédicace, une coupe craquelée pour les cartes!-une chiffonnière de laque, pour les billets doux. Deux hécatombes! Que

ubans pourpres dans les cheveux, aux bras et au cou des cercles d'or, et la voilà charmante. Elle avait surtout la manie des chapeaux; elle en changeait chaque jour. Certain chapeau orné de plumes de pintades eut seul l'honneur d'être

le prit par le bras; ils montèrent en causant de Montparnasse à

uels hommes ceux qui la tiennent d

our un héro?sme, pour une infamie, pour un chef-d'?uvre, pour un bon mot, pour un dévouement, pour une méchanceté, pour rien. L'ébulition est à l'ordre du jour; cette ville, chauffée à blanc, lance des bouillons, et l'écume blanche para?t à la surface. Et c'est cette écume qui en est en même temps la gloire et le fléau. Il y a de tout, en ces flocons, en ces tourbillons: des hommes de génie et des sots, des pourvoyeurs de bagnes et des martyrs d'honnêteté. Le sublimé de Paris,-un sublimé corrosif, celui-là-c'est Paris, le Paris qui vit, qui chante, qui pleure, qui caresse, qui menace, qui jette au monde en pature sa ration d'esprit, de joie, de terreur, sa part de chanson et sa part de drame; Paris le grand acteur que tous regardent et qui chaque soir, devant tous, joue un r?le nouveau, souvent sublime, parfois terrible, étonnant toujours. Il

t, dit Fargeau! Nous

le voulait se rattacher à elle, la revoir un peu, causer. Elle voulait peut-être la ramener à Joseph. Joseph était là. Ma

c plus? lui demand

me pas s

souffres

, j'ai mal à ton

en

st morte ou envolée, comme on voudra.

ouleur était un spectacle aussi. Ensuite, cela la changeait,

t de fier qui intriguèrent et irritèrent un peu Suzanne. Elle se sentit piquée. Fernand, avec ses cheveux noirs, insolemment épais, son teint mat, sa moustache relevée, sa male stature, n'était pas un cavalier de médiocre suffrage. Elle le retrouva le lendemain encore au chevet de Victoire Herbaut, et l

venait chercher Cachemire au chevet de Victoire. Il la trouv

rage à la malade, saluait le

poursuivre dans l'escalier

uzanne. Il le regardait et ne le saluait pas, ne disait rien à cause de sa s?

nt de plus en plus. Elle le sent

ette fois,

mais non.

enant que j'en ai besoin! Toujours piocher, c'est dur! Il m

t sa s?ur avec des yeux qui caressaient, e

us, je parie qu'il réfléchira, tout fou qu'il est. Et puis, voilà une chose que je voudrais... Sa montre est au Mont-de-Piété,-sa montre en argent. Il y a joliment longtemps. Ce qu'elle me co?te, je ne le sais même pas. J'ai toujours renouvelé les reconnaissances. Cette pauvre montre

rs à cette idée:-Tu

prome

e lui en veux pas, que je suis partie en oubliant tout. N'est-ce pas, Joseph? Ou,

sur le palier, pendant que les larmes lui coulaient sur les

songeait-il, qu'elle aura

rait du théatre, au bra

emit une

c'était Joseph qui l'avait écr

simplement, je l'avai

? fit M.

lui tendit

bien. On l'enterrera après-demain, à

mme! dit M

glace, arrangeait ses

t son chocolat dans le lit, que, ce jour-là, on enter

m'ha

robe pren

église, je vais à Asnières, chez

église. Il était là, blanc comme un linge, avec les yeux rouges. A c?té de lui les amis d'atelier, de pauvres gens, de vieilles femmes. Le prêtre disait

t un bruit de chaises

reto

des frous-frous, un livre de messe e

ouilla près

ués de Joseph

oupillon des mains de Fernand, qui s'ét

signe de la croix

partir, elle

u'à ma voiture,

ment Ferna

erral, venez donc me trouver chez moi. J'y suis tous les jours

d s'in

de Coralie, pendant que Joseph demeurait encore, acc

int là encore l'homme fait pour elle, son ma?tre. M. de Bruand était trop poli, Joseph avait été trop aimant. Elle rêvait d'être battue. Elle se jeta à la tête de Fernand. Avant même qu'il f?t son amant, il la dominait, la pliait à ses volontés. C'était bien ce qu'il avait espéré. Une fois à lui, elle se sentit heureuse, elle voulut l'être tout-à-fait, briser sa cha?ne, laisser là M. de Bruand, laisser le théatre, aller vivre de pain et d'?ufs à la coque quelque part, dans u

toi, disait Cachemire

le tout Paris ne va pas, dans les théatres de banlieue, à Saint-Denis, au Jardin des Plantes. Cachemire s'excusait comme elle pouvait auprès de M. de Bruand, mentait comme un diplomate pour expliquer ses absences, et retrouvait tous les fils de sa toile avec une adresse qui tenait du prodige. Et quelle joie de s'échapper de ce boudoir qu'elle avait voulu et qui lui pesait, d'aller manger du pain de seigle quelque part, grignoter des goujons, redescendre, se rapprocher du ruisseau. Ces écoles buissonnières étaient r

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