étoile,-beaucoup plus célèbre toutefois pour la grace avec laquelle il dansait le tango que pour la s?reté de son dessin et pour
al dont la paix détruit les instincts combatifs. Mais sur tout le reste de la planète les peuples montraient une sagesse exemplaire. Dans le transatlantique même, les passagers, de nationalités très diverses, formaient
couloirs et sur les ponts. Le gar?on de cabine, souriant de la surprise du jeune homme, lui expliqua cette étrange chose. C'était le 14 juillet, et les paquebots allemands avaient coutume de célébrer comme des fêtes allemandes les grandes fêtes de toutes les nations qui fournissaient du fret et des passagers. La république la
navire une Marseillaise galopante, suante et mal peignée
Allemands ne sont pas aussi vulgaires qu'ils le paraissent. Et il
, il y eut un d?ner de gala. Au fond de la salle à manger, le drapeau fran?ais et celui de l'empire formaient une magnifique et absurde décoration. Tous les Allemands avaient endossé le frac, et les femmes exhibaient la blancheur de leurs épaules. Les livrées des domestiques étaient celles des grandes fêtes. Au dessert, un couteau carillonna sur un verre, et il se fit un profond silence: le commandant allait parler. Ce brave marin, qui joignait à ses fonctions nautiques l'obligation de prononcer des harangues aux ban
l'Allemagne et la France, et il espère que les relation
taine?: car il commandait une compagnie de landsturm. Erckmann se montrait beaucoup plus fier encore du second titre que du premier, et, dès le début de la traversée, il avait eu soin d'en informer tout le monde. Tandis qu'il parlait, le peintre examinait cette petite tête et cette robuste poitrine qui donnaient au Conseiller de Commerce quelque ressemblance avec un dogue de combat; il imaginait le haut col d'uniforme comprimant cette nuque rouge et fai
lemands éclatèrent de rire, en hommes qui savent apprécier la condescendance d'un Herr Commer
ore l'interprète à voix basse. Toutefois, ces c
développait la partie sérieuse de son discours. Selon lui, les Fran?ais étaient de grands enfants, gais, spirituels, incapables de prév
plus en plus grave, pri
l souhaite que la France soit très grande et qu'un jour les Allemands et les F
eiller-capitaine leva son ve
'il commandait une évolution
ondit par un Hoch! qui ressemblait à un rugissement, tandis que la musique,
ses yeux se mouillèrent, et, lorsqu'il but son champagne, il lui sembla qu'il buvait en même temps quelques larmes. Oui, ce que faisaient ces gens qui, d'ordinaire, lui paraissaien
cains qui étaient ses voisins de table. Il faut reconna?
e défaut que la lourdeur des femmes et qui combattait en sa propre personne ce danger national par toute sorte de régimes alimentaires. Les repas étaient pour elle un supplice. Sa maigreur, obtenue et maintenue à force de volonté, rendait plus apparente la robustesse de sa constitution, la grosseur de son ossature, ses machoires puissantes, ses dents larges, saines, splendides: des dents qui suggéraient au peintre l'irrévérencieuse tentation de la comparer mentalement à la silhouette sèche et dégingandée d'une jument de course. ?Elle est mince, se disait-il en l'observant du
e taille moyenne, et son front brun se dessinait comme un triangle sous deux bandeaux de cheveux noirs, lisses, lustrés comme des planches de laque: précisément le contraire des h
nt de grands yeux et en allongeant les lèv
r les plaisirs de Berlin, mais avec une modestie rougissante, en admettant d'avance qu'i
ation. La présence de Jules les avait mis tous d'aimable humeur; ils savaient que son père était Fran?ais, et cela suffisait pour qu'ils l'accueillissent comme s'il
t le peintre comme s'il attendait de lui une déclaration sole
es les unes des autres, et il ne voyait aucun inconvénient à ce qu'elle
avec nous. Il y a des années que notre empereur lui tend la main avec une noble loyauté
rsation trop austère commen?ait à l'ennuyer. Pour y met
n?ais, peut-être feriez-vous bien de l
sieurs, qui portaient le cigare à leurs lèvres, demeurèrent la main immobile à deux doigts de la bouche, les yeux démes
sement de son col. Nous n'avons rien à rendre, pour la bonne raison que nous n
Jules sentait rena?tre en lui l'héréditaire inst
posasse d'être bons amis et d'oublier le passé. Même si vous étiez enclin
avec incohérence d'une idée à une autre. Comparer la reconquête de l'Alsace
tre allemande? interrogea le jeune homme sans se départi
it entre deux partis à prendre: tomber à coups de
us ne savez ce que vous dites. Vous êtes Argentin
t tout à l'heure. Quant au capitaine Erckmann, il lui tourna le dos avec une rudesse militaire, ramassa
un jeune homme qui appartenait à une famille riche, et par conséquent il fallait le ménager. Toutefois ils eurent soin de ne plus faire allusion à son origine fran?aise. Pour eux, désormais, il était Argentin; et cela fit que, tous en ch?ur, ils s'intéressèrent à la prospérité de l'Argentine et de tous les états de l'Amérique du Sud. Ils attribuaient à c
départir de sa prééminence, à ces ébats de ses compatriotes, sages négociants des ports hanséatiques, qui jouissaient de larges crédits à la Deutsche Bank, ou riches boutiquiers installés dans les républiques de la Plata avec leurs innombrables familles. Lui, il était un capitaine, un guerrier, et, à chaque bon mot qu'il accueillait par un rire dont son épai
ser, disait-il, et le k
que tout le monde
aient continuellement. Un soir, Jules, en entrant au fumoir, vit les Allemands gesticuler avec animation. Au lieu de boire d
c enthousiasme. Enfin c'est
un geste d
re? Quel
it pas donné la moindre émotion. Il méprisait les affaires des Balkans: c'étaient des querelles de pouilleux, qui accaparaient mal à propos l'attention du monde et qui le distrayaient d
énie. La Russie soutiendra la Serbie, et nous, nous appuierons no
ir qui signifiait à la fois son
re ans de paix, et elle aura terminé la construction de ses chemins de fer stratégiques. Alors sa force militaire, jointe à celle de ses alliés, vaudra la n?tre. Le mieux es
s, les succursales en faillite, les crédits coupés par les banques, bref, une catastrophe plus effrayante pour eux que les batailles et les massacres. Néanmoins ils appro
e était réduite à donner pour matelots à ses quelques navires les cochers de Berlin punis par la police; aujourd'hui ses flottes de commerce et de guerre sillonnent tous les océans, et il n'est aucun port où la marchandise allemande n'occupe sur les quais la place la plus considérable. Donc, ce qu'il faut à l'Allemagne, c'est continuer à vivre ainsi et se préserver des aventures guerriè
la France ne se tient pas tranquille, tant pis pour elle! Et si quelque autre peuple ose intervenir contre nous, tant pis pour lui! Quand je monte dans mes ateliers une machine nouvelle, c'est pour qu'elle produise, non pour qu'elle demeure au repos. Puisque nous possédons la première armée du monde, serv
isines, c'était de prendre leurs précautions et de ne pas continuer à vivre dans une inerte confiance en présence de l'ambition démesurée des Germains; elles se préparaient
droit de se prémunir contre vous. N'est-ce pa
, le Commerzienrath mit dans sa riposte la hauteur
dit-il en imitant le flegme des diplomates, que vous n'êtes q
emands se rapprochaient de leur patrie, ils se dépouillaient du servile désir de plaire qui les accompagna
que celui-ci était le plus important personnage du groupe allemand. Les autres cherchaient les lieux isolés pour s'entretenir à voix basse. Tou
re pour Jules Desnoyers le dernier du
nc sur le pont:
C'était l'escadre de la Manche qui, par ordre du gouvernement britannique, venait de quitter les c?tes anglaises, sans autre objet que de faire constater sa force. Pour la première fois, en contemplant dans le brouillard ce défilé de dreadnoughts qui donnaient l'idée d'un troupeau de monstres marins préhistoriques, le
e quantité de personnes et de bagages, les opérations de l'escale se firent avec une diligence prodigieuse. Deux vapeurs pleins abordèrent le transatlantique, et une
de nombreux vaisseaux anglais, qui montaient la garde devant les c?tes comme des dogues vigilants. Deux cuirassés de l'Amérique du Nord se reconnurent à leurs mats en forme de corbeilles. Un vaisseau r
?a va mal! Cette fois-ci
et à gauche. Ces c?tes avaient leur aspect habituel; mais on d
t plus commode. Or il arriva à dix heures, jeta l'ancre loin du port, et le commandant donna des ordres pour que le débarquement
agages à destination de Paris. Les matelots bousculaient les dames qui s'attardaient à compter leurs malles; les gar?ons de
neux, mur au-dessus duquel s'allongeaient comme d'immenses balcons les garde-fous des ponts chargés de gens qui saluaient avec leurs mouchoirs. Puis la distance s'élargit entre le transatlan
s Fran?ais! Nous nous re
e et l'insolence d'une vengeance prochaine. C'était le dernier paqu
Amérique, et il profita de ce retard pour entrer dans un café et pour écrire à madame Marguerite Laurier une
d'intendant et de parasite. Chez lui, rue de la Pompe, il fit un bon somme qui le reposa des fatigues du voyage, et il ne se leva que pour déjeuner. Pendant qu'il était à table
mêlée de curiosité sympathique à l'égard de ce frère chéri qu'elle savait être un mauvais sujet; et il eut même la surprise de trouver aussi à la maison sa tante Héléna, qui avait laissé en Allemagne son mari Karl von Hartrott et ses i
tait une demi-heure trop t?t; mais son impatience d'amoureux lui donnait l'illusio
t grave de son époux; mais elle s'en était bient?t lassée, et, lorsque Jules, le peintre fashionable, était apparu dans sa vie, elle l'avait accueilli comme un rayon de soleil. Ils se plurent l'un à l'autre. Elle avait été flattée de l'attention que l'artiste lui prêtait, et l'artiste l'avait trouvée moins banale que ses admiratrices ordinaires. Ils eurent donc des entrevues dans les jardins publics et dans les squares; ils se promenèrent amoureusement aux Buttes-Chaumont, au Luxembourg, au parc Montsouris. Elle frissonnait délicieuseme
n'eut aucune peine à constater les rendez-vous qu'elle avait avec Jules. Comme il aimait Marguerite d'une passion profonde et se croyait trahi beaucoup plus irréparablement qu'il ne l'était en réalité, des idées violentes et contradictoires se heurtèrent dans son esprit. Il songea à la tuer; il songea à tuer Desnoyers; il songea à se tuer lu
a mère et demande le divorce. Je n'y ferai aucune opposition et
c les fermiers des biens qu'il y possédait en propre, de vendre quelques pièces de terre, et de
hataigniers fourmillait le public ordinaire des jours de chaleur. C'étaient des servantes des maisons voisines, qui cousaient ou qui babillaient, tout en suivant d'un regard distrait les jeux des petits confiés à leur garde; c'étaient des bourgeois du quartier, venus là pour lire leur journal ave
instable, gardaient encore une sensation de déséquilibrement. Il se promenait de long en large; mais ses allées et venues n'attiraient l'attention de personne. Une préoccupation commune semblait s'être emparée de tout le monde, hommes et femmes; les gens échangeaient à haute voix leurs i
e heure, la possibilité de la guerre est pour
épaules les manchettes imprimées en caractères gras. De l'autre c?té du square, dans la rue des Mathurins, sous la tente d'un débit de vin, des ouvriers écoutaient les commentaires d'un camarade qui, avec des gestes oratoires, montrait le texte d'une dépêche. La circulation dans les rues, le mouvement général de la cité étaient les mêmes que les autres jours; mais il semblait que les vo
la commisération d'un esprit supérieur qui conna?t l
ien-être. On avait parlé si souvent d'une guerre imminente à propos de conflits qui, à la dernière minute, s'étaient résolus pacifiquement! Au surplus, l'homme est encl
core à lui-même. Ces gens sont fous. Il n'est pas possi
r. Dé?u, il reprit sa promenade. La mauvaise humeur lui fit voir beaucoup plus laid qu'il ne l'est en réalité le monument dont la Restauration a orné l'ancien cimetière de la Madeleine. Le temps passait, et elle n'arrivait pas. Il surveilla
te! Oh! M
age, mais qui, d'un jour à l'autre, s'était pour ainsi dire spiritualisé par le vague idéalisme de l'absence. Puis, tout à coup, il lui sembla qu'au contra
qu'à tourner les yeux pour les découvrir, et elle avait beaucoup d'amies qui, à cette heure, sortaient peut-être des grands magasins du quartier. Ils cherchèrent donc un meilleur refuge dans un
tu as l'air d'un marin. Et
svelte et harmonieuse. Sa démarche avait un rythme aisé, gracieux, presque folatre. L
s-tu pas trompée? Dis-moi la vérité: tu sais que
nt sa main sur son c?ur, comme s'il prêtait serment devant un juge
e. En dépit de la discrétion de ce geste, le monsieur qui lisait son journal remarqua le manège et jeta vers eux des regards
était ennuyée beaucoup; elle avait taché de tuer le temps; elle était allée au théatre avec son frère; elle
ari? dema
Tu sais que je lui ai apporté une dot de trois cent mille francs et qu'il a mis cette somme dans ses affaires. Eh bien, il veut me rendre les trois cent mille francs, et même,
Jules, vexé de cette
uations cruelles; mais qu'y faire? Chacun doit vivre sa vie, sans s'inquiéter des enn
omme si ces pensées lui étaient pénibles,
crois-tu à la guerre? Tout le monde en parle;
optimisme. Lui non plus, il
te chez nous expliquait hier à ma mère qu'à notre époque de progrès les guerres ne sont plus possibles. Au bout de deux mois à peine on manquerait d'hommes; au bout de trois mois, il
enirs: puis, effrayée de l'effort qu'il lui faudrait
en venant au rendez-vous! Non, non, cela n'est pas possible.... Tu sais que le mois prochain nous allons à Vichy? Ma mère a besoin de prendre les eaux. Et ensuite nous irons à Biarritz. Après Biarritz, je suis invitée dans un chateau de la Loire. Au surplus, il y a mon divorce: j'espère que notre mariage pourra se célébrer l'été prochai
e affirmation, passa à autre chose, Comme elle venait de parler de s
ait oublier le plus important. As-tu réuss
s économiques qui le tourmentent périodiquement. Malgré cela, il avait réussi à se procurer quatre cent mille francs représentés par un chèque. En outre,
a réponse et prit à son to
sans argent, il n'y a pas de bonheur s?r. Tes quatre cent m
lus nombreux autour d'eux. Les petites modistes, au sortir de l'atelier, les dames, au sortir des magasins, coupaient à travers le jardin pour raccourcir leur route. L'allée se transformait en rue, et tous les passants jetaient un regard curieux
ra Marguerite. On
t, et Marguerite crut reconna?tre
! dit-elle. Si on no
à elle. Puisqu'elle avait si peur de la curiosité des gens, pourquoi n'acceptait-elle de rendez-vous que dans des lieu
n atelier. Je t'ai déj
presque réglées? Puisque nous
veux que tu épouses
. Il se résigna donc à faire signe à un taxi, où elle monta pour rentrer chez sa mère.
?... Répète-le. Je veux l'entendre