s qu'un succès passager, que le cours de la guerre pouvait changer d'un moment à l'autre et que, par le fait, le gouvernement ne songeait pas encore à quitter Bordeaux. Mais les sugg
égrèrent donc l'h?tel
à l'heure où les habitants profitaient du bel après-midi pour faire leur promenade, ils avaient appris tout d'un coup par les journaux le grand succès des Alliés et le danger qu'ils venaient de courir. Ils se réjouirent, mais ils ne se départirent point de leur calme: six semaines de guerre avaient changé r
l se contenta de dire à Luisa que le chateau avait beaucoup souffert du bombardement, que les obus avaient endommagé une
s Alliés; la vérité, c'était que, pour de savantes raisons stratégiques, les généraux allemands avaient jugé à propos de reporter leurs lignes en arrière. Pendant son séjour à Biarritz, elle s'était longuement entretenue de ce sujet avec diverses personnes de la plus haute compétence, notamment avec des officiers supérieurs des pays neutres, et aucun d'eux ne croyait à une réelle victoire des Fran?ais. Les troupes allemandes ne continuaient-elles pas à occuper de vastes territoires dans le nord et dans l'est de la France? A quoi donc avait servi cette prétendue victoire, si les vai
rs interminables où les troupes se battaient aux environs de Paris. On entendait de si près la canonnade que le sénateur aurait voulu faire partir son fils pour Bordeaux; mais celui-ci avait été beaucoup mieux inspiré. Le jour du grand effort, lorsque le gouverneur de la place avait lancé en automobile tous les hommes valides, le patriotisme l'avait emporté chez René sur tout autre sentiment: il avait pris un fusil san
e. Pis encore: les femmes du peuple, exaltées par le souvenir de leurs hommes qui combattaient sur le front ou aigries par la mort d'un être cher, étaient d'une insolence agressive, de sorte qu'elle entendait souvent au passage de grossières paroles contre les
Hugo; mais, le quatrième jour, il s'y présenta dans un uniforme flambant neuf, de cette couleur bleu horizon que l'armée fran?aise avait adoptée récemment; la mentonnière de son képi était dorée et les manches de sa vareuse portaient un petit galon d'or. Il ét
cria Chichi enthousia
is qui semblaient le dévorer d'admiration. Pu
oldat! Viens! Tu mé
ua sur les joues deux baisers sonores, fut prise
nt dévorées de soucis au sujet de leurs fils, qui combattaient pour des causes contraires sur le front de Fra
d'aller avec Chichi et Héléna, soit à l'église Saint-Honoré d'Eylau, soit à la chapelle espagnole de l'avenue Friedland; et elle avait même pour la chapelle espagnole une préférence, parce qu'elle
e était pale, songeuse, et tant?t elle fixait longuement sur l'autel des yeux estompés de bleu, tant?t elle courbait la tête comme sous le poids de pensées graves qui n
x képi, le corps enveloppé d'une capote boueuse, les jambes serrées par des bandes de drap, la main armée d'un fusil, le menton assombri par une barbe mal rasée. Et, quand Héléna implorait le salut d'Otto et d'Hermann, l'image qu'elle avait dans l'esprit était celle de jeunes officiers coiffés du casque à pointe, vêtus de l'uniforme verdatre, la poitrine barrée par les courroies qui soutenaient le revolver, les jumelles, l'étui pour les cartes, la taille serrée par le ceinturon auquel était susp
nt! C'est se
ène à préparer l'écrasement de la France, et le criminel succès de ses fils qui, le revolver en main, envahissaient les villages, assassinaient les habitants paisibles et ne laissaient derrière eux que l'incendie et la mort! Oui, les prières de cette femme étaient impies et ses invocations iniques offensaient la justice de Dieu. Et Marcel, avec la puérile superst
une maison où il était manifeste qu'on la considérait désormais comme une intruse. Sans parler à personne de son dessein, elle fit d'actives démarches; elle réussit à obtenir un passeport pour la Suisse, d'où il lui serait facile de rentrer en Allemagne; et, un beau soir, el
spérance de venir prochainement nous voir à Paris, il n'est pas impossible que la non moins savante avance
qu'il faisait à l'atelier de son fils pour avoir le plaisir d'y causer de Jules avec Argensola, lequ
euil et un chapeau à fleurs qui coiffait un mannequin. Marcel ne fut pas dupe de cette gesticulation significative; mais il avait l'ame disposée à toutes les indulgences. Rien qu'à entendre la voix d'Argensola, le pa
les, faisait même lire ces lettres au secrétaire intime; mais Argensola ne montrait jamais celles qui lui étaient adressées, s'abstenait même d'en rapporter des citations
la pratique de l'épée et protégé par le capitaine de sa compagnie, qui
elle l'e?t personnellement couvert de gloire. Ah! votre fils est de ceux qu
auxquels il avait pris part. Par exemple, le peintre-soldat avait porté un ordre sous un violent bombardement; il était entré le premier dans une tranchée prise d'assaut; il s'était offert pour une mission considérée comme très périlleuse. Ces faits honorables, qui lui avaient valu une c
yait obligé de témoigner aussi quelque intérêt au panégyriste de son fils, et il
la avec une évidente satisfaction d'amou
é n'ignorat pas le r?le qu'il avait joué en ces mémorables circonstances. On vendait alors dans les rues une affiche en forme de dipl?me, dont le texte, entouré d'un encadrement d'or et rehaussé d'un drapeau tricolore, était un certificat de séjour dans la capitale pendant la semaine périlleuse. Argensola avait rempli les blancs d'un de ces dipl?mes en y inscrivant de sa plus belle écriture ses noms et qualité
s gymnastique, depuis la porte d'Orléans jusqu'à la gare de l'Est, où ils avaient pris les trains qui les attendaient pour les mener à la grande bataille. Il avait vu des escadrons de spahis drapés dans des manteaux rouges et montés sur de petits chevaux nerveux et légers; des tirailleurs mauritaniens coiffés de turbans jaunes; des tirailleurs sénégala
me le rapide et heureux mouvement de ces troupes, ils sont arrivés à temps pour attaquer von Klu
se, formant sur les boulevards un torrent qui, avec la scintillation des fusils et le flamboiement des bonnets rouges, donnait l'idée d'un cortège pittoresque, d'une sorte de noce interminable. Ce n'était pas tout: au moment suprême, alors que le succès demeurait incertain et que le moindre a
de ?siège? (mais il ne fit point part de cette particularité à Marcel), il avait appris par les éditions spéciale
'ai beaucoup vu et je puis
les circonstances à vivre loin de sa patrie, avait peut-être besoin d'argent. Si tel était le cas, Marcel se ferait un plaisir de lui venir en aide et mettrait des fonds à sa disposition. Il le fer
'offre généreuse; mais heureusement il n'était pas dans la nécessité d'accepter ce service. En effet, Jules l'avait nommé son administrateur, et comme, en vertu des nouveaux décrets concernant le mo
ent la même chose, et il suffisait de lire le communiqué officiel, document que l'on attendait désormais sans impatience: car on prévoyait qu'il ne ferait guère que répéter le communiqué précédent. Les gens de l'arrière reprenaient peu à peu leurs occupations habituelles. ?Il faut bien vivre?, disaient-ils. Et la nécessité de continuer à vivre imposait à tous ses exigences. Ceux qui av
de poignard; de l'autre c?té, des pendaisons et des exils en Sibérie. Mais, depuis la guerre, les idées de Marcel s'étaient modifiées sur bien des points: la terreur allemande, les exploits des sous-marins qui coulaient à pic des milliers de voyageurs inoffensifs, les hauts faits des zeppelins qui, presque invisibles au zénith, jetaient des tonnes d'explosifs sur de petites maisons bourgeoises, su
t des caves de l'avenue Victor-Hugo, bouteilles dont Argensola arrosait avec largesse l'éloquence de son voisin. Ce que Marcel admirait le plus dans le Russe, c'était la facilité avec laquelle celui-ci exprimait par des images les choses qu'il voulait faire comprendre.
ept jours où les Allemands ont été arrêtés et refoulés. Comment s'étonner qu'après cela les jambes aient manqué aux vainqueurs pour se porter en avant, et que la cavalerie ait été impuissante à donner la chasse aux fuyards? Voilà pourquoi les Allemands, poursuivis avec peu de vigueur, ont eu le temps de s'arrêter, de se creuser des trous, de se tapir dans des abris presque inaccessibles. Les Fran?ais à leur tour on
guerre ne serait plus très longue et que, dès le printemps prochain ou au plus ta
quoi bon faire usage de procédés nouveaux? Mais ce qui s'est produit sur la Marne a bouleversé leurs projets: de l'offensive ils ont été obligés de passer à la défensive, et leur état-major a mis en ?uvre tout ce que lui avaient appris les récentes campagnes des Japonais et des Russes. La puissance de l'armement moderne et la rapidité du tir font de la lutte souterraine une n
faudra bien qu'un
e l'ignore; mais la logique veut qu'elle succombe. En septembre, elle a joué tous ses atouts et elle a perdu la partie. Cela donne aux Alliés le temps de réparer leur imprévoyan
ermaniques. Le révolutionnaire n'avait pas de sympathie pour les patriotismes excessifs, n'approuvait ni l'intransigeance des chauvins de Paris, qui voulai
de briser la redoutable machine de guerre qui, penda
s le monde entier: glorification de la force, triomphe du matérialisme, sanctification du succès, respect aveugle du fait accompli, dérision des plus nobles sentiments comme s'ils n'étaient
monie mondiale, quand ils se seront résignés à n'être qu'un groupe humain ni supérieur ni inférieur aux autres, ils deviendront d'utiles collaborateurs pour la tache commune de civilisation qui incombe à l'humanité entière. D'ailleurs cela ne doit pas nous faire oublier que, à l'heure actuelle, ils sont pour toutes les autres sociétés humaines un grave danger. Ce ?peuple de ma?tres?, comme il s'appelle lui-même, est de tous les peuples celui qui a le moins le sentiment de la dignité personnelle. Sa constitution politique a fait de lui une horde guerrière où tout est soumis à une discipline mécanique et hu